L'accessibilité, un sujet universel

Le handicap, un sujet réservé à une poignée de concernés ? Faux. Au cours de sa vie, chacun, chacune, ou presque, connaîtra une situation où il ou elle sera "empêché", y compris pour ce qui touche à l'utilisation du digital. La conséquence : un accès restreint à ses droits, des difficultés à s'engager dans la vie citoyenne ou tout simplement à s'informer. Alors, dans cet article, on fait le point sur deux questions : où en sont les sites web public en termes d'accessibilité ? Et quel est le rôle des communicantes et communicants publics ? 

  • 1.3milliard de personnes sont porteuses d’un handicap dans le monde, soit 16 %.
  • 8ans c'est le nombre moyen d'années pendant lesquelles une personne est en situation de handicap dans sa vie.
  • 70% des contenus digitaux sont inaccessibles aux personnes handicapées.
  • 4% des sites seulement respectent les obligations légales en termes d’accessibilité.

Que dit la loi ?

Des sites publics accessibles aux personnes en situation de handicap : cette obligation a été introduite par la loi du 11 février 2005. Puis précisée en mai 2009, avec un délai de deux ans pour les services de l’État ; trois ans pour les collectivités territoriales.

Donc, depuis 2012, tous les sites publics sont soumis à l’obligation d’accessibilité. C'est vrai pour les sites web, mais aussi pour tous les produits digitaux, c'est-à-dire tout ce qui s'ouvre dans un navigateur : appli, progiciels, mobilier urbain numérique (bornes). Y compris les intranets. 

De plus, depuis septembre 2019, les sites publics doivent publier une déclaration d’accessibilité (lien externe) et afficher leur conformité dès la page d’accueil. Les organismes doivent aussi se munir d'un schéma pluriannuel d’accessibilité numérique, qui comprend notamment la désignation d’un ou d'une référente accessibilité numérique.

Et, à partir du 28 juin 2025, les standards se renforcent encore : la loi exige que les produits numériques atteignent un taux de conformité au référentiel de 100 %. Cette obligation vaut pour tous les sites publics, et pour tout nouveau site mis en ligne. Seules les petites entreprises pourront contourner cette règle, si elles comptent moins de 10 salariés et un chiffre d'affaires annuel de moins de 2 millions d'euros.

Et la sanction peut être douloureuse : un défaut d'accessibilité pour un site du secteur public peut entraîner une amende de 50 000 €, renouvelable tous les 6 mois si le manquement perdure. 

Être conforme à 100 %, ça veut dire quoi ?

Respecter 106 critères, précisés dans le RGAA, le référentiel national.

"106 critères, dont plus de la moitié sont invisibles et indolores pour les communicantes et communicants et relèvent purement du code HTML, qui depuis sa naissance il y plus de trente ans, inclut des balises permettant l'accessibilité, comme la navigation au clavier, les structures de titres, etc." selon Bertrand Binois (lien externe), UX Designer et référent accessibilité du Département du Nord. "En gros, un site codé proprement est par définition accessible à sa parution”.

Alors attention, c’est là que joue la nuance : un site peut être 100 % conforme au référentiel. Mais ça ne veut pas dire qu'il sera 100 % accessible à toustes. Il y aura toujours des personnes qui vivent certaines situations de handicap qui n’auront pas été prévues par le référentiel. 

"L’idée, c’est de laisser le moins de gens sur le carreau en appliquant ces critères. Mais, comme toujours, il faut aussi savoir reculer d’un pas et s’armer de bon sens : il y a des sites non conformes et bien faits pour l’usage, et d’autres qui répondent au RG2A mais sont mal conçus dans leur design si bien qu’ils sont conformes, mais pas bien utilisables et accessibles. La question de la pertinence des contenus et de leur organisation est aussi, et bien évidemment, cruciale." poursuivait Bertrand Binois, lors de nos derniers échanges sur le forum Cap'Com (lien externe) en décembre 2024. 

Alors, quelle partie relève vraiment de la fonction communication ?

Seuls cinq critères concernent directement l'éditorial : sous-titrer les vidéos, ajouter des descriptions pertinentes aux images, des alternatives textuelles lorsque c’est nécessaire... Par contre, le ou la communicante va avoir un rôle crucial : 

— Porter le sujet en interne et faire-valoir la parole des usagers. C’est elle ou lui qui va travailler avec la DSI, et qui peut faciliter la création d’un panel d’utilisateurices par exemple. Ou faire changer des habitudes qui demandent de la pédagogie autant qu'une certaine ténacité, comme le téléchargement de multiples PDF sur les pages du site. Il faut savoir, par exemple, qu'une synthèse vocale ne peut pas zapper de titre en titre, ce qui oblige l'utilisateur à écouter l'intégralité du fichier.

— L'intelligence du contenu, au-delà du référentiel. Pour éviter qu'une synthèse vocale lise " "EUVEUNEMENT" mais bien "ÉVÉNEMENT", il faut des capitales accentuées ! Les tableaux fonctionnent moins bien que les listes à puces. Et comment remplacer les PDF ? Ces points ne sont pas tous écrits noirs sur blancs dans le référentiel, mais ont pourtant un impact de taille sur l'accessibilité. Et c'est dans le soin apporté au contenu qu'ils vont se jouer.

— Maintenir l’accessibilité du site ! On oublie trop souvent de mettre des moyens dans la durée, pour entretenir le produit numérique après son lancement. Et ça ne vaut pas que pour la technique, les contenus aussi ont besoin d'être évalués, mis à jour, archivés... Pour ça, il est utile de former les contributeurices, de contrôler régulièrement l’état du site.

Quant aux tests d’accessibilité, ils doivent être refaits tous les trois ans ou lorsqu’il y a un changement dans le référentiel. C’est une obligation légale.

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Le FALC, c’est de l’access ?

Non, le FALC (Facile à lire et à comprendre, une méthode développée par l'Unapei (lien externe)) est une alternative qui s’adresse à un public en situation de handicap intellectuel, qui est donc relativement segmenté. Évidemment, transcrire les textes d'un site en FALC dans un espace dédié est un excellent réflexe. Mais pour l'intégralité des contenus, on recommande plutôt d'écrire en langage clair.

Pourquoi ? Notamment parce que le FALC utilise énormément d'images et de pictos, qui doivent être décrits, ce qui va finalement amener beaucoup de complexité pour les personnes non-voyantes par exemple. Il risquerait donc d'aider une partie de la population mais d'en coincer une autre partie.  

En outre, le FALC n’entre pas dans les obligations de la loi accessibilité de 2005. 

Notre FAQ maison

Nous avons profité d'une démonstration proposée par les experts d'Urbilog (lien externe), entreprise adaptée, spécialiste du handicap et de l’accessibilité, pour poser nos questions : 

— Comment bien croiser accessibilité et inclusivité ? Le point médian, oui ou non ? 

Le point médian est lu comme un point par la synthèse vocale, donc rend la compréhension compliquée. C'est un sujet complexe, par lequel on ne peut pas répondre 1 ou 0. Il semblerait que l’utilisation de mot-valise puisse être une bonne piste. En tout cas, il est clair de le langage inclusif peut créer des difficultés d'accessibilité. 

À ce sujet, lire notre excellent article Écriture inclusive versus accessible : le match (lien externe)

 — Quelle marge pour faire évoluer les synthèses vocales ?

Les synthèses vocales ont des dictionnaires, on peut ajouter des mots. On peut aussi spécifier dans le code qu’un mot est dans une langue étrangère. Par exemple, "newsletter", pour éviter que ce mot soit lu "Neslété". 

— Est-ce que l’audio est une bonne solution pour les personnes non-voyantes ? 

La première chose à penser est la pertinence de cette solution compte tenu du contenu. Globalement, l’audio est une très bonne solution pour des personnes qui ont des difficultés à lire. Par contre, on ne peut pas naviguer dans le fichier avec une synthèse vocale comme on le fait sur un site web... Agréable pour un livre donc, mais pas pour une notice... Pour un PDF de magazine par exemple, un bon compromis pourrait être une lecture audio en ajoutant un time code dans la description, permettant de choisir les rubriques que l'on veut lire.   

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