Qui a dit que les Français·es ne lisaient plus la presse ?

Spoiler alert : ça dépend laquelle. Alors que la défiance envers les médias s’est durablement implantée, la presse locale tire son épingle du jeu. Pour les publications de presse territoriale, c’est une bonne nouvelle – et le secteur est en pleine forme.

Entre la presse et les Français·es, c’est compliqué

Certes, une bonne majorité considère que le journalisme est un métier utile (86 %), c’est ce que révélait le 9 (lien externe)e (lien externe) baromètre Viavoice (lien externe) à l’occasion des Assises du journalisme 2025.

Il n’empêche, la défiance envers les médias progresse. En 2025 toujours, le sondage Verian pour La Croix (lien externe) relevait que seuls 32 % estiment crédible la prise de parole des médias sur les grands sujets d’actualité.

Cette prise de distance entre la presse et les Français et Françaises n’est pas nouvelle : la crevasse est devenue un fossé ; le fossé, un gouffre. Quelques pistes pour l’expliquer : 

  • la croissance d’un sentiment d’impuissance, voire d’angoisse face à l’actualité ;
  • la confusion face aux fake news
  • le phénomène de “fatigue informationnelle”, qui toucherait plus de la moitié de la population.

Dans ce contexte de perte de repères, c'est le local qui tire son épingle du jeu : 67 % des sondés assurent avoir confiance dans les médias locaux. Un chiffre élevé même chez les jeunes, puisqu’il atteint 55 % pour les 18-34 ans.

Et du côté de la presse territoriale ?

L’info de proximité : c’est justement le créneau de la presse territoriale. On ne l’achète pas, on ne la choisit pas. Or, chaque année, ce sont en moyenne 16 journaux territoriaux (commune, communauté de communes, Département, Région...) qui atterrissent dans notre boîte aux lettres.

Et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle est loin de partir à la benne avec le premier prospectus venu : selon le baromètre Epiceum et Harris Interactive 2024, trois Français sur quatre disent y avoir recours pour s’informer sur la vie locale. Un meilleur score que la presse hebdomadaire régionale (57 %).

Puissant outil de marketing territorial, la presse des collectivités met en valeur l’action publique, valorise le cadre de vie et consolide le sentiment d’appartenance. Mais son succès, elle le doit surtout à un petit truc en plus, selon nous : 

Faire passer l'intérêt de ses lecteurs et lectrices au premier plan.

C'est comme ça que les journaux et magazines des collectivités se sont imposés année après année comme une source d'information claire et fiable des élus vers celles et ceux qui les ont choisis. Elle devient la partie visible d'une relation de confiance fondamentale, proche de celle sur laquelle repose la presse quotidienne ou hebdomadaire locale.

La presse territoriale a le pouvoir de tisser des liens. Elle est jugée pratique, utile et crédible, surtout lorsque son message est clair et accessible, et qu'elle assume une relation d'hyper-proximité avec son lectorat. De quoi s'identifier, s'inspirer et faire éclore en douceur le vivre-ensemble.  

“L’efficacité irremplaçable de ce média repose en partie sur le fait que l’information arrive directement au cœur du foyer, qu’elle n’est pas intrusive, et est consultée à un moment choisi par le lecteur.”

Huitième baromètre de la communication locale, nov. 2024

Du bulletin municipal au magazine…

Le succès de la presse territoriale se trouve aussi dans sa capacité à se renouveler : prise en main par de jeunes professionnels consommateurs de contenus, la presse territoriale assume de nouvelles influences et abolit les frontières entre les différentes formes journalistiques et les formats : photos légendées, infographies, portraits, rubriques décalées, cartes...

À ce titre, le magazine The Only (lien externe) a longtemps été notre référence. Dans cette revue, la Métropole de Lyon donnait la parole aux acteurices économiques du territoire, dans un écrin de papier créatif,  qui puisait de manière décomplexée dans l’univers magazine. Entre 2020 et l’automne 2023, date de sa fin de parution, l’éditorial a été confié à Diapason (lien externe) (encore appelée Charlotte Petit l’agence) ; la direction artistique était entre les mains d’Extra l’agence.

Quelques exemples de bonnes idées de traitement issus de la presse territoriale :  

… Et au-delà !

C’est un fait : plus d'un Français sur deux consulte aujourd’hui les profils réseaux sociaux des collectivités pour s’informer localement. Et 70 % le font grâce au site internet de leurs collectivités. 

C’est pourquoi nous croyons en une presse territoriale qui se fond dans les codes et habitudes de son audience et se glisse avec habileté d’un support à l’autre : du magazine vers le site web, et vers les réseaux sociaux.

Qui fait quoi ?

Au fil du temps et des publications, la presse territoriale met de la clarté dans le fameux “millefeuille territorial”. Résultat, les Français et Françaises perçoivent de mieux en mieux les spécificités et utilités de chaque strate : commune, agglomération ou Métropole, Département, Région... 

Vous en doutez encore ? C’est en tout cas les sondés du baromètre Epiceum et Harris Interactive 2024 qui le disent. 64 % estiment que les informations reçues de la part de la Ville, de l’Intercommunalité, du Département et de la Région se complètent plutôt bien, et donnent une vision claire et cohérente de l’action publique des différentes collectivités dans leur territoire.

Soit 17 points de plus qu’en 2015, première année où cette question a été posée.

Surprenant, non ?